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Augmentation des salaires : à quoi peut-on s’attendre en 2024 ?

Alors que l’Union syndicale suisse a réclamé une hausse des salaires de 5 % pour l’année à venir, l’avis de l’Union patronale suisse est plus mitigé et les résultats de certaines études, plutôt alarmistes. En cause ? L’inflation qui devrait perdurer en 2024.

Quelles sont les revendications salariales des syndicats pour l’année 2024 ?

Se dirige-t-on vers une quatrième année consécutive de baisse des salaires réels ? C’est en tout cas ce que veulent éviter les syndicats. Pour rappel, les salaires réels sont, cette année, inférieurs d’environ 3 % par rapport à 2020. Malgré une conjoncture économique favorable et un taux de chômage bas, les employeur·euse·s suisses ne compensent pas le renchérissement, selon l’Union syndicale suisse. En plus des mesures contre les hausses des loyers et des primes d’assurance-maladie, l’USS exige donc également une augmentation des salaires en 2024 afin de compenser les pertes de salaire réel de ces dernières années, mais aussi pour aider les employé·e·s à faire face à l’inflation, qui impacte leur pouvoir d’achat. Elle table sur une augmentation de 5 %, qui correspondrait au retard de ces dernières années durant lesquelles les salaires ont moins augmenté que la productivité et le renchérissement. Par ailleurs, elle exige toujours que toute personne puisse au moins gagner 5 000 francs par mois après son apprentissage.

De son côté, Travail.Suisse exige une augmentation de salaire allant de 3,5 % à 4,5 % pour tou·te·s les salarié·e·s et selon les branches. Thomas Bauer, le responsable de la politique économique de cette organisation faîtière, justifie cette majoration par l’augmentation de la productivité des travailleur·se·s (qui n’ont pas été mieux rémunéré·e·s pour autant) et des bénéfices d’exploitation, qui laissent aux entreprises une certaine flexibilité pour mettre en place cette hausse des salaires. La Société suisse des employés de commerce et Employés Suisse demandent la même augmentation, mais en prenant en compte la situation de chaque entreprise, afin de cibler celles qui n’ont pas compensé le renchérissement cette année. Selon Greta Gysin, la présidente du syndicat personnel de transfair, le service public a tout autant besoin de cette compensation, et ce, dans toutes les branches. Employés Suisse souhaite par ailleurs que celles et ceux qui touchent un salaire bas (moins de 4 200 francs par mois pour un temps plein) puissent bénéficier de 300 francs supplémentaires.

Des secteurs sont davantage visés par ces revendications salariales. C’est notamment le cas de l’artisanat, l’industrie MEM (machines, équipements électriques et métaux) et du milieu de la santé, qui en ont particulièrement besoin, selon le syndicat Syna.

La réponse de l’Union patronale suisse

L’Union patronale suisse a rapidement jugé « exagérées » les revendications de ces syndicats. En effet, selon elle, la conjoncture actuelle est incertaine et la situation économique d’une grande partie des entreprises est fragilisée par les crises des années précédentes (pandémie, conflit en Ukraine, crise énergétique, hausse des coûts, pertes de récoltes, etc.). Pour expliquer ces difficultés actuelles, l’Union patronale suisse souligne également l’augmentation des taux d’intérêt, ainsi que l’indicateur de la situation des affaires du centre d’études conjoncturelles zurichois (KOF), qui est encore en recul. Elle vient également contrer l’USS et Travail.Suisse, qui mettent en avant la productivité pour justifier cette demande de revalorisation salariale en 2024, car selon elle, l’écart entre l’augmentation des salaires et celle de la productivité n’existe pas.

Une augmentation de salaire absorbée par l’inflation

Le sondage établi par le KOF et auquel 4 500 entreprises ont répondu, montre que l’augmentation des salaires nominaux anticipée par les sociétés en 2024 devrait être de 2 %. Principal point noir au tableau : l’inflation. Bien que celle-ci devrait se calmer durant l’année à venir, elle sera toujours élevée, avec une augmentation moyenne de 8,7 % des primes d’assurance-maladie notamment. Cette hausse justifie de surcroît la revendication de l’USS concernant les employeur·euse·s, qui devraient participer à ces primes maladie selon elle (avec une contribution mensuelle de 50 francs notamment), car elles et ils engendrent également des frais de santé.

Les prix à la consommation devraient augmenter de 1,6 % selon l’institut BAK Economics. La Banque nationale suisse (BNS) prévoit quant à elle une inflation à 2,2 %, ce qui absorberait la hausse des salaires. Les résultats du KOF sont encore plus alarmistes, avec une inflation prévue à 2,5 %. Cela pourrait notamment être dû à la forte hausse des loyers et des prix de l’électricité en vue, mais aussi aux marges des entreprises qui sont plus élevées. Ces estimations laissent donc entrevoir une nouvelle année de stagnation des salaires réels et de baisse du pouvoir d’achat. Selon l’Unia, une famille composée d’un couple et de deux enfants bénéficiera de 3 000 francs de moins en 2024. La NZZ am Sonntag indique par ailleurs que les salaires de fin 2024 devraient être égaux à ceux de 2016.

Des augmentations de salaire plus marquées dans certains secteurs

L’enquête dévoilée par le KOF révèle une certaine disparité entre les différents secteurs. Les hausses de salaires prévues en 2024 seront en effet moins marquées dans la branche de l’industrie manufacturière (1,5 %) et celle du commerce de gros (1,6 %). Le commerce de détail et le bâtiment laissent quant à eux entrevoir une hausse de 2 % et les services financiers, de 1,8 %. Le secteur de l’hôtellerie et de la restauration, qui connaît un manque de main-d’œuvre important, se situe au-dessus de la moyenne, avec une augmentation prévue à 3,8 %. Les salaires minimums du secteur connaîtront un relèvement également afin de compenser le renchérissement. Et pour cela, les partenaires sociaux se baseront sur les prévisions de septembre 2023.

L’augmentation réelle des salaires serait donc moindre en 2024, selon les données du KOF, qui prévoit une inflation importante et impactante sur le pouvoir d’achat des employé·e·s. Cette majoration est également jugée insuffisante par les partenaires sociaux et les syndicats, qui continuent à revendiquer des hausses de salaires supérieures au taux d’inflation. Ils font notamment savoir que celles-ci sont essentielles en période de pénurie de main-d’œuvre qualifiée, que ce soit pour les entreprises ou les salarié·e·s.

*L’image utilisée ci-dessus a été créée par notre designer à l’aide d’un outil d’IA. 🧑‍🎨 🤖

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