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Des salaires transparents au service de l’égalité

Pour tenter de réduire les inégalités salariales encore présentes entre les hommes et les femmes, de nombreuses voix s’élèvent pour davantage de transparence. Connaître le salaire de son collègue de bureau permettra-t-il d’atteindre l’égalité? Voici des éléments de réponse.

Selon une étude planétaire réalisée par le World Economic Forum (WEF), il faudra attendre (si rien n’est fait) 2186 pour atteindre une parfaite égalité salariale entre les hommes et les femmes. Toujours selon cette étude, dans le monde, les femmes gagnent un peu plus de la moitié du salaire des hommes. La Suisse se situe au 11e rang mondial en matière d’inégalité. Un classement correct, mais insuffisant. D’après de nombreux experts du monde du travail, des mesures doivent être prises afin de rétablir une certaine forme de justice sociale. Pour y parvenir, ils prônent une transparence totale des salaires.

Comment cela se traduirait-il dans les entreprises? En interne, chaque employé pourrait consulter une grille salariale afin de connaître les salaires perçus par l’ensemble de ses collègues ainsi que par les membres de la direction. En outre, tous les deux ans, un rapport devrait être présenté afin de rendre compte des écarts salariaux persistants entre les hommes et les femmes. Si elle est soutenue par diverses associations et personnalités politiques, cette mesure a cependant été écartée par le Conseil fédéral. Ce dernier préférant opter pour une démarche volontaire de la part des entreprises.

Comparateur de salaires

Sujet tabou

Dans le même temps, des initiatives sont menées par divers acteurs. Un exemple? Le syndicat Unia a participé à la création d’un site web invitant les internautes à afficher leur photo, une description de leur profession ainsi que le montant de leur salaire mensuel. But avoué de cette plate-forme: participer à la création d’une nouvelle culture du salaire en Suisse, pays où la question reste encore très souvent un tabou. Dans cette optique, les entreprises ne sont pas en reste. La société Beqom, basée à Nyon, a récemment obtenu le prix EY Entrepreneur de l’année 2019 dans la catégorie commerce/service, ceci pour récompenser la PME d’avoir développé un logiciel ciblant le problème de l’écart salarial. Cette plateforme intégrée couvre tous les domaines de la performance et de la rémunération, offrant aux managers la capacité d’encadrer, d’harmoniser et de motiver les collaborateurs et les partenaires, les rendant heureux dans leur travail. En d’autres termes, avec cet outil, le salaire de chaque collaborateur n’est plus fixé arbitrairement ou à la louche.

Quand le salaire figure dans les offres d’emploi – interview avec Médecins sans Frontières En savoir plus

Transparence absolue

Certaines entreprises visant la transparence absolue ont décidé d’aller encore plus loin en mentionnant le salaire proposé directement dans l’offre d’emploi. Cette pratique est extrêmement rare, mais elle existe en Suisse. C’est le cas de l’hôpital pédiatrique de Zurich qui indique la rémunération dans ses offres depuis 2014. L’objectif affiché est également d’attirer les candidats les plus adéquats pour les postes ouverts. L’organisation non gouvernementale, Médecins sans Frontières, a opté pour la même méthode afin de gagner en transparence et les retours de la part des candidats sont extrêmement positifs. En France, l’entreprise Sferaco, spécialisée dans les accessoires de robinetterie industrielle, a décidé de faire un pas dans cette direction. La cinquantaine de salariés connaît le salaire des autres et une fois par année, une réunion est organisée par le directeur qui indique les évolutions de salaire de chaque collaborateur pour l’année à venir.

Bien que le principe d’un salaire égal pour un travail de valeur égale soit inscrit dans la Constitution fédérale depuis le 14 juin 1981, l’égalité entre femmes et hommes est encore loin d’être acquise en Suisse. De plus, le phénomène connu sous le nom de «plafond de verre» existe toujours: les femmes qui occupent une position supérieure sont elles aussi victimes de discrimination salariale, surtout dans le secteur des services. C’est de leur côté que l’on observe l’écart de salaire le plus élevé (31%) par rapport aux hommes et la part la plus importante de facteurs non explicables, c’est-à-dire discriminatoires. Une des raisons pourrait être des conditions de promotion différentes et non transparentes entre les femmes et les hommes. Par ailleurs, la part des composantes salariales liées au mérite tend à s’accroître, ce qui accentue l’inégalité salariale dans la tranche supérieure des salaires. Mais l’espoir existe car la multiplication des démarches privées et publiques devrait permettre de se rapprocher d’un monde idéal où la discrimination salariale appartiendrait au passé.

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